Concours-égalitée-homme-femme-Quentin-Ebrard
POème

Je suis fier de vous présenter ce texte écrit pour le « Concours Egalitée » en 2014, organisé par le ministère du droit des Femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Un plaidoyer plein de fougue et écrit à deux mains avec mon ami H.Y.R.

Humains ! Etrange trouvaille chez vous que l’inégalité ! Peut-on concevoir une seconde que l’étendue des mers soit supérieure à la majesté des montagnes ? Que le chant des oiseaux prime sur le rugissement du lion ? Que les courbes de la lune l’emportent sur les angles des pierres ? Quelle absurdité. Absurde comme quelque pensée d’un maître de votre enfance : Aristote. Il décrivait si bien l’égalité semée par les dieux dans la nature. Des dieux qu’il voyait partout : dans les bois des cerfs, dans les nageoires des dauphins, dans les feuilles des branches. Mais jamais dans l’Homme et son accessoire : la femme, cet « homme imparfait ».

Mais quittons-le et avec lui la nature. Car depuis, un génie de votre Histoire est venu vous dire que vous étiez libres : Pic de la Mirandole. Faites-vous disait-il, vous n’êtes pas l’œuvre du ventre de votre mère mais celle de votre volonté. Vous voilà libres, responsables. Voilà que votre Humanité peut dessiner son égalité Homme-Femme. Voilà un monde bien pensé, mais en vous observant de l’éther infini, je m’émeus et coulent de mes yeux ces vers mélancoliques.

Sorti de son alcôve chaude et nourricière,
L’Homme crie d’effroi au contact de la lumière ;
L’air froid emplit ses poumons comme une lame
Et pleure déjà ce temps uni en la femme.
Ne se sépare-t-on pas d’un être qui, s’il n’est pas supérieur, est tout au moins égal ?

De nature le père n’est pas sans la mère,
Mais seules des égalités complémentaires,
Dans le dur travail comme dans le doux amour,
Peuvent assurer une enfance de velours.
N’enfante-t-on pas avec un être qui, s’il n’est pas supérieur, est tout au moins égal ?

Loin de la vie, par la maladie et le soufre,
Souvent second du navire happé vers les gouffres,
Qui reste, fière et fidèle, jusqu’au bout ?
Qui jusqu’aux berges du Styx se tient debout ?
Ne s’appuie-t-on pas sur un être qui, s’il n’est pas supérieur, est tout au moins égal ?

 

Puis j’ai survolé votre monde, en tout temps, en tout lieu. Et j’ai vu une humanité. Du sourire de l’enfant pêcheur maori aux larmes de la veuve des salons parisiens. De l’ivresse du grand Thelonious à l’œil éclatant des violonistes d’Odessa. De La Reine de la Nuit au kabary  malgache. L’humanité était là. Contrariée, mais elle était là. Celle qui se fait et qui se trouve. Celle si subtile où Chopin cueille la virilité par surprise au milieu des arpèges pleins de Femme. Celle où il n’est plus besoin de catégories. Celle où finalement Chopin n’est ni féminin  ni masculin mais Chopin. Celle où dans le Vous Humain il n’est plus besoin de nommer. Est-ce si difficile à voir ? Alors, je vous exhorte ! Je vous en conjure !

Dépassez le passé ! Oubliez le trottoir !
Comment ? Pour travail égal, paye dérisoire ?
Annihilez cette violence domestique !
Bannissez ces robes en sang sous les tropiques !
En Mandela qui pardonne aux afrikaners,
Que la Femme montre qu’elle est supérieure 
Et que l’Homme abandonne ces travers immondes !
Et ne formez qu’un, l’Humain, sur la terre ronde !

Quentin Ebrard & H. Y. R.